Ironman d'Hawaii - Ananlyse des données de Puissance
Données de l'Ironman à Hawaii en 2008
Après avoir couru la section vélo la plus rapide l'année précédente, le danois Torbjorn Sindballe a placé sa machine en première position une fois encore cette année. Il a commencé plus agressivement comme on peut le voir sur la courbe de puissance (voir le graphique ci-dessous) : la performance chute vers la fin et se trouve bien moins constante que la dernière fois. « Je pensais pourtant que ma forme me le permettait, » expliqua le médaillé de bronze de 2007. Le viking a cependant eu des difficultés pendant la course, du à des problèmes d'estomac a-t'il dit. La chaleur lui posait aussi problème. En dépit de moyens de refroidissement intelligents « cube de glace dans les gants et un haut long en maille » la température de Torbjorn était supérieure à celle de l'année précédente de 3°. Il s'est pourtant battu pour finir exténué à la 45 ème place.
En fait, il arrive ce genre de chose à tous les athlètes qui sont forts sur la partie vélo. Faris Al Sultan et Norman Stadler ont fini à la 11ème et la 12ème place après avoir rencontré tous les deux des problèmes pendant la course à pied. Le seul coureur cycliste rapide qui a réussi à rentrer dans le top 10 est Eneko Llanos, qui a fini second derrière Craig Alexander. Craig Alexander est volontairement resté en arrière pendant la partie vélo. « J'étais exactement dans le groupe qu'il fallait, comme je l'avais prévu » a raconté l'australien après la course.
C'est risqué de commencer la partie vélo à un rythme trop élevé. Car la traînée aérodynamique sur le vélo augmente de manière disproportionnée. L'énergie nécessaire pour contrer cette augmentation augmente avec le carré de la vitesse. Chaque minute « gagnée » sur le vélo coûte plus d'énergie que celle gagnée en course à pied, où la traînée aérodynamique peut être presque contrée (voir aussi les données complémentaires ci-dessous).
En concédant une avance de 11 minutes au vélo le plus rapide au temps intermédiaire, Craig Alexander a économisé 10% de sa puissance. 10% de puissance en moins pour un sportif de haut niveau est un monde de différence. En faisant cela, Craig Alexander a probablement roulé uniformément dans la zone de brûlage de graisse et a économisé ses réserves de glycogène pour la course.
Torbjørn Sindballe, 45ème place à Kona en 2008
Lecture à distance de puissance de : Torbjørn Sindballe. Pendant la première heure le rendement moyen était de 330W et dans la dernière heure 280W. La moyenne globale était un rendement de puissance de 300,5W.
CONSEIL :
Nous vous conseillons de toujours commencer à un même rythme sur le vélo peu importe dans quelle catégorie vous courrez. Si vous voulez faire quelques pour cents de mieux, vous risquez de le payer cher plus tard dans la course.
Il est mieux d'investir l'énergie économisée dans la course à pied, car l'issue du triathlon s'y décide habituellement. Quand vous pouvez exploiter pleinement votre potentiel en course à pied, c'est là que vous avez la meilleure chance de faire un bon temps global.
Pour les professionnels, qui visent les premières places, les choses sont un peu plus compliquées. Un cycliste fort comme Torbjørn Sindballe doit vraiment essayer de se placer en tête sur la partie vélo, car c'est sa seule chance contre les meilleurs coureurs à pied. Il doit donc prendre un risque calculé, ce qui lui a réussi l'an dernier. Les « victoires cyclistes » de Normann Stadler et de Faris Al Sultan démontrent aussi qu'une stratégie agressive sur le vélo peut donner des résultats. Dans ces cas, pourtant, ce sont, et de loin, les meilleurs athlètes qui gagnent le triathlon, dans tous les cas. L'argument qui s'oppose à cela, plus le talent est restreint à une partie de l'Iron Man et plus faibles sont les chances de victoire en attaquant sur le vélo.
On a trouvé une réponse possible à l'équation d'énergie. Nous avons calculé les nombres basés sur les données de puissance et le temps de course de Torbjørn.
La question théorique : quel est le ratio idéal entre la vitesse de course à pied et de vélo pour minimiser l'énergie sur l'ensemble de la distance ? Le graphique suivant montrant les données de courses réelles de Torbjørn Sindballe nous donne la réponse :
Le graphique montre la corrélation entre l'énergie dépensée sur le vélo et celle de la course à pied pour un temps total donné (vélo + cap) comme une fonction de la vitesse de course à pied. Ça parait compliqué ? Le message à retenir est le suivant : Plus vous courrez vite, et moins vous avez besoin d'énergie en tout.
Voici la raison : l'énergie déployée en course à pied augmente moins que celle déployée sur le vélo à cause de la traînée aérodynamique plus faible à une vitesse inférieure. Aller très vite sur le vélo gaspille énormément d'énergie totale pour une vitesse obtenue inférieure à cause des effets aérodynamiques plus importants.
Ce que nous avons appris :
=> la vitesse en course à pied est le premier facteur limitant la performance totale
=> économiser son énergie sur le vélo est une bonne stratégie
=> une traînée aérodynamique faible est cruciale !
=> se recharger en énergie (plus facile sur le vélo) est très important
Quelle est donc la vitesse idéale sur le vélo ? La vitesse qui permet d'exprimer son potentiel maximum en course à pied.
Ici vous voyez le rendement en course à pied de Torbjørn comparé à son rendement à vélo (repère vertical). Son rendement en course à pied est supérieur bien que le vélo soit son point fort.
Voici un graphique équivalent, avec les données d'Andreas Bodenman (50 ans) ajusté à la différence de poids (69 vs 80 kg pour Torbjørn). Sa dépense d'énergie est exactement la même que Torbjørn. Il est vrai qu'Andreas a besoin de plus de temps pour utiliser l'énergie, comme bien sûr, il ne fournit pas la même performance ou vitesse qu'un pro. La comparaison des rendement de cap vs vélo d'Andreas vont même encore plus vers le rendement en course à pied comparé à Torbjørn (repère vertical). Son temps total est de 10:40:42 avec une partie vélo de 5:46:21 et un excellent marathon de 3:16:42; la natation fut sa discipline la plus faible à cause d'une épaule blessée.
Torbjorn Sindballe, 3ème place à Kona en 2007 (8:21:30)
Sous la chaleur, mais aussi presque sans vent et sans la concurrence de deux autres coureurs forts, Normann Stadler et Faris Al Sultan souffrant de problème digestifs, le danois Torbjørn « Thunderball » Sindballe roule la partie vélo la plus rapide de la journée. Cette partie a commencé très vite. Torbjørn a pris son temps et a commencé à pédaler dans la roue de l’américain déchaîné Chris Lieto dans l'ascension vers Hawii et l'a rattrapé une heure plus tard. Et ensuite, il avait déjà creusé un écart de 11 minutes sur le groupe de chasse dans lequel il pédalait une heure plus tôt. Ses données montrent comment il a pris puis a gardé la tête : Torbjørn ne s'est pas relâché pendant la course. Il a fournit le rendement de puissance moyen le plus élevé et le plus constant mesuré et publié jusque là à l'IronMan sur l'île : une moyenne de 309 watts sur l'ensemble de la course à vélo. Impressionnant ! (valeur de cadence moyenne 82, fréquence cardiaque 139, les deux avec une légère tendance à la baisse au fur et à mesure). Jusqu'au tournant à Hawii, Torbjørn avait une moyenne de 313W et était capable de tenir une excellente moyenne de 305W sur le chemin du retour. De cette manière, son profil de puissance est radicalement différent de la plupart des autres pros dont les données ont été collectées et analysées par 2PEAK ; ils ont habituellement une chute nette de rendement qui commence après le tournant.
En terminant son marathon en 2 h 57 min et 25 secondes Torbjørn a prouvé qu'il n'avait même pas tout donné en roulant et a été capable de s'assurer un podium bien mérité, son meilleur résultat jusqu'à présent à Kona.
Il est aussi intéressant de remarquer que
Torbjørn a eu besoin d'un rendement de puissance inférieur en 2005 pour réaliser un nouveau record à la course cycliste (286,6W) (détrôné plus tard par Norman Stadler en 2006). En 2005 son rendement de puissance était aussi moins constant. Les chiffres montrent une amélioration spectaculaire de sa force de course.
Rutger Beke, 898ème place à Kona en 2007 (11:13:58)
Rutger Beke voulait courir pour la première place et après s'être classé plusieurs fois dans le top 5 son objectif était réaliste. Malheureusement il a été salement frappé à la tête pendant la nage ce qui a affecté sa journée. Sur le vélo, il a fait l'effort pour finir juste une minute derrière le groupe de Chris McCormack bien qu'il ait perdu beaucoup de temps dans l'eau. Il est admirable de voir comment il a géré la course cycliste en 4 h 36 min à un rendement de puissance moyen étonnamment bas de 232 W. Il devait avoir une traînée aérodynamique extraordinairement faible. Le profil de puissance de Rutger montre aussi une tendance à la baisse caractéristique. Pendant la course à pied, ses jambes lui ont fait défaut, mais il s'est battu pour finir quand même !
Wolfgang Teuchner, 211ème place à Kona en 2007 (9:49:22)
Wolfgang est le partenaire d'entraînement de Faris Al-Sultan. La spécialité de ce poids lourd géant de 81 kg est le vélo. Apparemment il gaspille son énergie comme personne comme vous pouvez le voir sur son graphique de puissance : jusqu'au tournant Wolfgang était capable de maintenir le rythme des meilleurs professionnels et affichait une moyenne de 336 watts. Après la descente de Hawi il a perdu son pédalage et son rendement de puissance a chuté à 212 watts. (moyenne globale : 272 W) donc un temps pour la partie vélo de 5 h 01 min est décevant pour un cycliste de cette trempe. Avec un rendement de puissance plus régulier il aurait sans doute pu finir plus vite.
Faris Al-Sultan, 3ème place au général à Kona en 2006
Faris affiche la même moyenne de puissance que lors de sa victoire en 2005 : 283 watts. Sa cadence était légèrement inférieure cette année avec une moyenne de 81,7 RPM. La course se fait encore dans deux sections : puissance élevée dans la route vers Hawi avec une moyenne de 301 W dans la première moitié qui chute à 267 W dans la seconde. On voit sur les données de Faris qu'une distance de 7 mètres entre les coureurs ne permet pas d'éviter les effets d'aspiration. Luke Belle, qui roulait dans un groupe dans le sillage de Faris, en particulier dans la seconde moitié de la course, avait besoin de beaucoup de moins de puissance (15 à 30 watts de moins) pour garder la même vitesse. Cela se voit aussi dans l'équation d'énergie : Faris a brûlé 4592 kJ (mécaniquement) alors que Luke en a brûlé 164 de moins en étant plus grand et plus lourd de 2 kg. Notre observateur qui suivait les hommes de tête, a confirmé nos mesures. Le véritable comabt était entre Normann situé devant et Faris derrière lui.
Luke Bell, 7ème place au général à Kona en 2006
Luke a bien commencé et s'est placé au côté de Faris dès le début. Son profil de puissance ressemble beaucoup à celui de Faris. Dans la seconde moitié, on peut observer les effets d'aspiration. Ces résultats sont légèrement inférieurs à la moyenne totale de 273 watts à 82,9 RPM.
Mike Montgomery, 281ème place au général à Kona en 2006
Mike Montgomery (groupe des plus âgés) a fournit une puissance solide et remarquablement stable. Contrairement aux pros, qui font une course stratégique, il a commencé le vélo assez doucement et a très bien gardé son calme et n'a pas ralenti pendant la seconde partie de la course. Son rendement de puissance s'est presque maintenu après le tournant de Hawi. Son temps sur le parcours vélo est très bon : 4 h 50 min et 45 seconde, le plaçant au 124ème rang.
Faris Al-Sultan, Champion du Monde IronMan en 2005
Les données du champion : le graphique montre la puissance (vert), vitesse (rose) et la cadence (bleu) du professionnel bavarois Faris Al Sultan. Le rendement de puissance sur la section vélo affiche une moyenne de 283 watts, la vitesse moyenne 40,45 km/h, la cadence moyenne 85 rpm.
Faris, qui a le 3ème meilleur temps sur la natation s'est mis en tête de la course et a mené en seulement 14 minutes. Il a produit une moyenne de 324 watts jusqu'au premier temps intermédiaire. Il a donc commencé en se préservant beaucoup plus que l'année précédente puisqu'il avait enregistré une moyenne de 343 watts sur ce même tronçon. Sa course cycliste peut être divisée en deux segments en regard du rendement de puissance qui s'est altéré au tournant d'Hawii. Pendant les 90 premiers kilomètres sa puissance moyenne restait proche de 309 watts, et dans le second segment cependant il a eu quelques moments de faiblesse mais le reste du peloton a du connaitre les mêmes problèmes. Ce n'est qu'à la fin de la partie vélo qu'il fut dépassé par Torbjörn Sindballe dont les données sont visibles ci-dessous.
Torbjorn Sindballe détient le nouveau record vélo de Kona
Nouveau record : 4 h 21 min et 57 sec sous la chaleur et des conditions de vent assez calmes.
Torbjorn Sindballe a brisé le record de 4 h 24 min et 50 sec détenu depuis 1996 par Thomas Hellriegel. Le graphique montre comment il a bien gardé son calme. Son rendement de puissance moyen dans la première moitié de la course cycliste est seulement légèrement au dessus dans la seconde moitié quand le danois express fournit une moyenne de 273 watts. Avec son effort constant et puissant, il a réussi à dépasser Faris à 10 km de l'arrivée après avoir passé la plus grande partie de la course à 3 min derrière. Il est clair qu'il avait une excellente position aérodynamique. En dépit de 10 kg désavantageux par rapport à Faris pour grimper jusqu'à Hawi, il a seulement eu besoin de 3 watt de moyenne de plus que le champion pour avoir la même vitesse. Nous supposons qu'il s'agit de l'effort fourni pour rattraper et dépasser Faris. (286 watts)
Données du Championnat du Monde 2004
Données de Faris Al Sultan, 3ème place au général
Le graphique montre la puissance (vert), la vitesse (rose) et les rpm (bleu) du professionnel allemand Faris Al Sultan. Il a enregistré une moyenne de 286,9 watts et 37 km/h dans une course difficile avec du vent. Les repères d'intervalles (lignes verticales) montrent les données moyennes pour la première et la deuxième moitié de la course. La puissance moyenne a chuté de 309 à 268,5 entre la première et la deuxième moitié. Faris a commencé très vite et a pédalé d'arrache pied pendant la première heure et demie au dessus des 300 watts. Après cette phase courageuse, et malgré un niveau légèrement inférieur, il est resté assez constant. Les variations de vitesse sur le graphique témoignent des ascensions et des descentes. La vitesse est généralement plus importante dans la seconde moitié. Voyez un peu comment Faris maintient son rendement de puissance en utilisant un énorme braquet. Mis à part en descente, dans lesquelles il atteint 100 rpm, il pédale régulièrement à 80 rpm.
Signal lissé : le rendement de puissance moyen est plus clair sur ce graphique. La chute dans les 20 dernières minutes est principalement due au lissant
Distribution des données : le graphique montre le temps passé par Faris à chaque puissance/vitesse/rpm. La vitesse la plus fréquente (pic le plus élevé sur la courbe rose) est 30 km/h - la gamme s'étend de 20 à 60 km/h. Sa bande de puissance est large - de 180 à 400 watts. La puissance la plus fréquente est environ 300 watts.
Données de Fernanda Keller, 9ème place
Le signal de vitesse de Fernanda ressemble à celui de Faris mais à un niveau inférieur car sa puissance est plus faible. Sa moyenne est de 161 watts et 30,6 km/h. En prenant en compte son poids léger, elle a un ratio puissance/poids de de 3,22 W/kg - environ 20% de moins que les meilleurs hommes.
Graphique lissé : voyez comme elle pédale avec constance ! Au bout de 3 h 11 min quelque chose se produit : la puissance chute.
Distribution de puissance : comparée aux hommes, la courbe de puissance est déplacée sur la gauche et elle est moins large car le style de course est plus contrôlé et plus régulier.
Données de Thomas Hellriegel (DNF)
Un mauvais jour pour le champion : bien que Thomas se soit contrôlé depuis le départ, il n'a pas pu maintenir le niveau de puissance désiré à 300 W. A la fin, sa moyenne était de 268 watt (pas de signal de vitesse).
Distribution de puissance
Données de Markus Forster, place 27
Trop rapide au départ, Markus a commencé à 400 W, avec une moyenne de 312,5 dans la première heure et demie (seulement 2 min de retard au premier temps intermédiaire) mais cela lui a coûté cher un peu plus tard. Dans les deux dernières heures, sa moyenne était de 243 watts.
Style fluide : Markus pédale entre 80 et 90 RPMs. sa bande de puissance est large - de 140 à 400 W.
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